Carlos Vaquera

Carlos Vaquera est un animateur de télévision et créateur d'illusions/mentaliste hispano-belge.

Backstage:  Qu'est ce qui t'as donné l'envie de faire de la magie ? 

Carlos: J’imagine que c’est la passion de l’émerveillement. Au départ l’illusion n’’était qu’un hobby qui très rapidement est devenue une passion et naturellement un métier. En fait en septembre 1984, je suis devenu le premier magicien professionnel à vivre exclusivement de la magie de proximité. Une autre possibilité, si nous croyons à l’hérédité, c’est celle du sang, puisque le frère de ma maman a été un magicien populaire en Espagne : El Gran Oscar. 

Backstage: L'univers de la magie est immense, quelles sont tes préférences et pourquoi ? 

Carlos: Mes préférences sont les deux arts que je pratique au quotidien : l’illusionnisme et le mentalisme. L’illusionnisme est de la manipulation qui crée des émotions. J’adore le contact humain et j’ai la sensation que cette proximité le permet d’une manière plus intime que ce que la scène peut offrir. Le mentalisme d’un autre côté, qui manipule les sens des spectateurs, me semble plus fort puisqu’il se rapproche le plus de la vraie magie. Bref, les deux me comblent chacun à leur manière. 

Backstage: Tu as aussi été présentateur, tu es comédien, est ce que ces moments te manquent ? 

Carlos: J’aime endosser des rôles différents, que ce soit celui de l’animateur ou du comédien. Ca fait quelques années que je n’ai plus exercé mon rôle de présentateur à la télévision, tandis que celui de comédien, je l’ai joué au théâtre et au cinéma récemment. J’aime me mettre en danger, surprendre les autres et pourquoi pas, me surprendre également. Mais il est vrai que l’aspect financier est aussi important et que je gagne mieux ma vie avec mes spectacles de mentalisme ou d’illusionnisme qu’en étant au théâtre. C’est une des raisons pour laquelle on ne me voit pas souvent sur scène. Maintenant je dois t’avouer que je n’ai plus de télévision depuis une quinzaine d’année. Je suis entouré de livres et je lis beaucoup. Alors, est ce que la télévision me manque. Pas vraiment. Mais je suis toujours ouvert à de beaux projets ! 

Backstage: Le mental est très important pour toi et l'on voit que cela fait vraiment partie de toi, depuis toujours ? 

Carlos: Non, je crois que c’est venu au fur et à mesure . J’ai quitté les études à 20 ans et j’ai commencé à travailler professionnellement comme comédien et créateur d’illusions très rapidement. Mais assez vite je me suis aperçu qu’il me manquait quelque chose. Il me manquait des maîtres. Donc les livres ont remplis ce rôle La lecture a été une voie magnifique vers la sagesse. Pour moi un livre c’est un raccourci de vie . Les livres et certaines rencontres m’ont beaucoup apporté et cela m’a permis d’avancer. D’ailleurs dans un de mes ouvrages qui s’appelle « Inspiration » (aux éditions Lamiroy)  je dis: « Certains sont prêts à tout pour être dans la lumière et d’autres sont simplement lumineux » et je préfère de loin les gens lumineux ! 

Backstage: Le mentalisme est venu se rajouter à toutes tes connaissances, un besoin, une curiosité, une évidence ? 

Carlos: Je me suis toujours intéressé au mentalisme. D’ailleurs le premier livre de magie que j’ai lu quand j’avais 17 ans, parlait aussi de mentalisme. Donc ce n’est pas quelque chose de vraiment nouveau pour moi . Mais effectivement ma volonté, sans oublier la magie de proximité, est d’aller plus loin dans le mentalisme. D’où mes deux derniers spectacles « l’Apprent-sage » et « Rien » qui sont exclusivement dédié à cette branche spéciale de l’illusion. Car ne l’oublions pas, le mentalisme scénique c’’est 80% d’illusionnisme déguisé et 20% de techniques d’influence, de décodage non verbal, qui donnent l’illusion d’un 6èmesens. Mais surtout ça me permet d’inviter mes spectateurs à vivre des réalités non ordinaires. J’aime penser que je les divertis mais que je les nourris également de réflexion qui pourraient les conduire vers une sagesse plus grande de l’existence. 

Backstage: Tu as eu de très belles récompenses pour ton talent déjà, aurais tu envie d'en rajouter quelques-unes ? 

Carlos: Non, pas vraiment. Même si bien sûr, je suis très heureux de les avoir reçues. Mais elles ne veulent pas dire grand-chose. Comment peut-on dire que Robert de Niro est un meilleur acteur qu’Al Pacino? Ou que Brad Pitt est meilleur que Leonardo DiCaprio ? Ils sont tous exceptionnels, alors l’Oscar qu’ils reçoivent, récompensent leur talent ou leur rôle ? Lorsque j’ai reçu ces magnifiques prix, je ne suis pas certain que j’étais le meilleur. J’ai juste apporté ma touche personnelle qui a séduit le juré à ce moment-là précisément, c’est tout. 

Backstage: Qu'est ce qui t'as donné l'envie d'écrire ? 

Carlos: J’ai toujours aimé les mots et j’adore la langue française, même si je lis en espagnol et en anglais. J’ai déjà publié douze livres, des essais, un roman, une nouvelle, un conte initiatique, des livres d’initiation à la magie, des livres dédiés aux passionnés et professionnels de l’illusion, etc. (vous pouvez découvrir la liste des livres de Carlos sur son site www.carlosvaquera.com). Mon premier livre (qui est épuisé aujourd’hui, donc si vous le possédez dans votre bibliothèque, c’est un collector) parlait de la créativité de l’artiste au service des sociétés. J’avais juste envie de donner quelques clefs aux autres magiciens pour les aider à ouvrir certaines portes et au final pouvoir vivre de leur passion. Aider les autres magiciens à s’en sortir sans devoir être sur une scène, sans faire du théâtre. Ça a  été ma première motivation, ensuite, comme j’aime beaucoup la philosophie, j’ai écrit un roman qui s’intitule « L’empreinte de l’Invisible ». La suite est venue naturellement. L’idée principale de mon écriture est de faire réfléchir le lecteur sur sa propre existence avec cette intention non dissimulée de faire du bien. Et je pense que c’est le cas, puisque depuis plus de sept ans dans une école à Champion, tous les en dernières années de secondaires doivent me lire. Je suis même un des thèmes d’examen en philosophie dans leur école. D’ailleurs je m’y rend chaque année pour donner deux conférences sur ma trilogie « Aspirations – Expirations – Aspirations » (aux éditions Lamiroy). J’ai également rencontré lors d’un de mes spectacles de mentalisme une neuro-psychologue qui aujourd’hui utilise mes livres pour aider ses patients. Elle en a parlé à d’autres psycho-thérapeutes qui font la même chose. Donc petit à petit, mes petits mots vont bien au-delà de mes espérances et aident certaines personnes un peu perdues. Je suis très heureux de le savoir ! 

Backstage: Parles nous de ton spectacle qui se jouera au Fou Rire le 21 mars 2021. 

Carlos: C’est mon deuxième « seul en scène » que je reprends exceptionnellement à la demande de Cathy Thomas. Ili s’appelle « iMAGIEnaire ». Il mêle 75% d’illusionnisme et 25% de mentalisme . Il y a de l’humour, des contes, de la légèreté, des moments plus profonds,… A un certain moment je joue un vieux personnage qui parle de sa passion pour l’illusion et c’est un moment très émouvant dans le spectacle. Certains spectateurs m’ont même dit que je les avais fait pleurer. C’est un sacré compliment pour moi car faire rire c’est bien, mais faire pleurer signifie que j’ai touché le cœur des gens. Dans ma conception des choses, un  spectacle n’est pas simplement du divertissement mais aussi de l’enseignement. J’aime à penser qu’à l’aide de mes différents spectacles je mets des petites graines de sagesse dans l’esprit des spectateurs. 

Backstage: Tu es le seul créateur de tes spectacles ou bien t'entoures tu pour le faire ? 

Carlos: J’aime travailler en solitaire pour la création de mes spectacles. J’en suis l’auteur mais aussi le metteur en scène. En revanche, il est toujours important d’avoir un regard extérieur. J’ai donc une directrice d’acteur qui se nomme Kathleen Schultz et qui m’accompagne depuis toujours. Elle possède un formidable œil extérieur qui est toujours juste. Elle m’inspire énormément et me transmets toujours des idées fortes et percutantes. Bref, c’est une plus-value indéniable pour tous mes spectacle. C’est d’ailleurs elle qui a dirigé mes quatre seul-en-scène. 

Backstage: Aujourd'hui le Covid a boulversé le monde dans divers domaines dont celui du spectacle. Comment vis tu cette situation ? 

Carlos: Comme tout le monde! J’ai la sensation que plus le temps passe et plus on nous enlève nos libertés. Nous avons besoin du contact social pour nous épanouir, mais nous ne pouvons plus aller au restaurant ou boire un verre entre amis. On nous empêche d’aller au théâtre, au cinéma, dans les salles de sport. Bref, tout ce qui peut nous procurer du plaisir et augmenter notre système immunitaire nous est retiré. Nous reconnaissons l’intelligence d’une société à sa culture et si ça continue comme ça, notre société risque d’être de plus en bête et par conséquence de plus en plus méchante. 

Backstage: Comme dit précédemment, tu es quelqu'un pour qui le mental est très important. Qu'aurais-tu  envie de dire aux gens pour leur donner l'énergie de tenir le coup face à ce fléau ? 

Carlos: Dans mon roman « L’empreinte de l’Invisible » je disais « Il n’existe aucun mal d’où ne naisse un bien ». Je pense qu’un conflit n’est ni négatif ni positif. C’est ce que nous en faisons qui le transforme dans tel ou tel état. Souvent nous nous rendons compte que c’est juste une question de temps. Il faut cultiver non seulement notre esprit mais aussi notre corps. Nous oublions trop souvent qu’il est notre seul vrai moyen de locomotion pour traverser le temps et l’espace. En l’utilisant tous les jours de manière positive, cela va nous permettre de mieux résister au temps. Donc si je devais donner un seul conseil à tes lecteurs ce serait le suivant : si vous êtes jeunes fortifiez votre corps et assouplissez votre esprit, et lorsque vous serez plus âgés, assouplissez votre corps et fortifiez votre esprit.