Jean-Michel Saive

Jean-Michel Saive

Jean-Michel Saive 

Faire l'interview d'un sportif n'est pas chose aisée. Quand en plus ce sportif est reconnu comme le plus grand pongiste belge de tous les temps mais aussi comme l'un des meilleurs sportifs belges, alors on se dit que l'on va affronter un véritable défi. Et pourtant, malgré son palmarès impressionnant et sa renommée, nous avons fait l'interview d'un homme disponible, humble, rempli d'humour qui nous a fait passer un moment de bonne humeur et fou rire comme l'on voudrait en avoir tous les jours !

Backstage : À quel âge t’es-tu rendu compte que tu voulais devenir professionnel dans le tennis de table ?

JMS : À 13 ans j’ai commencé en équipe nationale belge dans mon club à Ans qui est mon club d’origine où mes parents et mon frère jouaient.
Mon objectif était alors de devenir champion d’Europe cadets .
Donc pour ça on a pris la décision d’aller jouer en Allemagne pendant trois ans.
Le challenge par après encore a été pendant deux ans de me donner à fond pour le Ping et de voir en ayant deux entraînements par jour comme les concurrents européens ou mondiaux si je pourrais rivaliser avec eux.
Donc si au bout de deux ans je n’y arrivais pas, je reprenais les études et sinon ben je continuais dans le Ping.
Finalement, je ne suis jamais retourné sur un banc d’école .

Backstage : Comment se passe une journée d’entraînement avant compétition ?

JMS : C’est une question difficile parce que cela dépend toujours si c’est une compétition en individuel ou par équipe, si c’est une compétition où il y a plusieurs jours qui s’enchaînent.
Disons que ce qui me vient à l’esprit c’est en prenant par exemple les matchs en équipes : J’allais avec mes coéquipiers la veille en mise au vert, je parle de gros match en coupe d’Europe.
J’arrivais vers 4h - 4h30, il y avait à ce moment-là 1h-1h30 d’entraînement, puis on soupait tous ensemble toute l’équipe.
Puis, mise au vert à l’hôtel.
Le lendemain matin il y avait à nouveau entraînement pour bien prendre connaissance de la salle et des lieux etc.
Une heure le matin puis repos l’après-midi et puis je retournais à la salle 2h avant le match vers 18h pour le match de 20h.

Backstage : Parmi les Olympiades auxquelles tu as participé, laquelle t’as le plus marqué et pourquoi ?

JMS: Chaque Olympiade est différente évidemment.
J’en ai fait 7 comme joueur et une en tant que spectateur.
Je dirais la première parce que c’était à 18 ans c’était à Séoul.
J’étais un jeune gamin impressionné, qui aime bien tous les sports et qui regardait ça à la TV et qui rêvait d’aller un jour aux Jeux Olympiques et défiler à la cérémonie d’ouverture ...
Donc Séoul c’était mes premiers Jeux.
Dans ce village olympique tu es méga impressionné de faire partie de tous ces sportifs, ces grandes stars du sport que tu vois à la TV.
Donc t’es impressionné d’être dans la file derrière Steffi Graf au petit déjeuner .
Et tu as comme ça 10/15 super stars qui quand elles rentrent dans le restaurant, là, c’est l’attroupement parce que tout le monde veut la photo avec eux !
D’ailleurs j’avais moi-même un album de photos prises avec mon Kodak.
Avant la cérémonie d’ouverture, j’allais comme un jeune gamin pour essayer d’avoir le maximum de photos possibles

Backstage : Quelle rencontre t’a le plus impressionnée ?

JMS: Le Pape !
Nous avions été invités au Vatican dans le cadre de la Commission des athlètes olympiques européens dont j’étais le président et dont le siège social se trouvait à Rome .
J’ai serré la main du pape et cela m’a impressionné de voir ce personnage très fort.
Mais à mes 18 ans j’ai été je pense le plus impressionné, car je rencontrais pour la première fois le Roi Baudoin .
C’était vraiment un personnage impressionnant et moi j’étais un jeune gamin et les mots ne sortaient pas. J’ai fait un Bug tellement j’étais impressionné !
C’était une immense fierté et en même temps très intimidant.

Backstage : Parles nous de ce match qualifié du plus hilarant de l’histoire du Tennis de Table ...

JMS : Ah oui, le match où il y a des millions de vues sur YouTube lol
Alors c’était un tournoi sur invitation en janvier 2014 à Taïwan.
On était huit joueurs, deux groupes de quatre.
Moi j’ai joué contre le taïwanais qui en fait était l’organisateur du tournoi.
J’ai essayé de jouer le match à fond, puis je me suis dit je vais terminer le set en faisant un peu de show , ce qui m’arrivait parfois pour amuser la galerie.
Et puis ça a été des balles de plus en plus spectaculaires de son côté, de mon côté, puis j’ai accroché la séparation, puis j’ai voulu remettre la séparation et puis voilà on a fait un super beau match d’exhibition .
Les deux commentateurs chinois éclataient de rire , la salle était grande, je passais la première séparation puis la deuxième, on a tourné la table, on jouait au-dessus de la tête des arbitres tout en faisant de super beaux points .
C’est en fait une mayonnaise qui a bien pris.
J’étais en vacances quand j’ai vu ce résumé sur les réseaux sociaux , sans compter les chaînes de télévision.
Les allemands voulaient même que j’explique cela et puis voilà, c’est devenu viral. C’est dingue, c’est un beau souvenir !

Backstage : A quand une nouvelle rencontre avec les Taloches ?

JMS : Haha ! C’était avant hier avec Bruno au Golf car on a cette même passion.
Cela fait des années maintenant que l’on fait des Shows Ping avec les Taloche et Pierre Theunis, cela va déjà faire 25 ans, qu’est-ce que le temps passe vite!
La suivante devait être les 4/5/6 Juin à Libramont mais elle a été postposée Covid oblige !
C’est reporté à l’année prochaine en espérant que ...

Backstage : Si cela n’avait pas été le tennis de table, vers quelle discipline sportive te serais tu dirigé ?

JMS : Très difficile à dire, j’ai commencé le Foot avant le Ping, j’ai joué deux ans au Foot et puis j’ai commencé le tennis de table .
Au tennis de table après deux ans j’étais Champion de Belgique Minimes donc il a fallu faire un choix .

Backstage : Qu’aurais-tu aimé faire si tu n’avais pas été sportif professionnel ?

JMS : Je ne sais même pas répondre à cette question-là car ça a été tellement tôt .
J’ai tellement été passionné, absorbé.
J’ai vécu grâce et pour le sport et ce encore toujours aujourd’hui parce que je roule à vélo .
J’y pensais encore tantôt, aujourd’hui mon hobby c’est le Golf et mon entraînement le Vélo.
Donc je ne sais pas répondre à cette question car j’ai commencé tellement jeune jusqu’à mon arrêt en 2019 .

Backstage : Est-ce que la compétition ne te manque pas trop ?

JMS : Pas du tout . J’ai toujours dit que je préférais faire une année de trop que une année trop peu .
Je pense que au final j’ai fait entre une année et deux années de trop.
La dernière année, j’avais des petits pépins à gauche à droite, j’avais mal au dos, mal aux genoux .
L’équipe n’était plus au Top non plus, c’est moi qui devait tirer une équipe mais qui ne jouait plus le premier rôle, donc .
Moi je voulais bien aider en étant le 3e joueur et booster, mais pas à presque 50ans être moi encore le gladiateur .
Donc voilà, ça correspond bien, je n’ai pas de regrets du tout .
La compétition ne me manque pas, j’ai été un compétiteur toute ma vie .
Je suis passé à autre chose, je fais toujours mon sport, oui, mais il n’y aura pas de Come-Back ça c’est sûr.

Backstage : Qu’aimerais-tu encore absolument réaliser ?

JMS : Le Challenge suivant est l’élection à la présidence du comité olympique belge.
L’élection se fera le 10 septembre donc voilà, ça c’est mon prochain challenge.