Maxym Anciaux

Maxym Anciaux

Gaspard fait partie de la nouvelle promo d’Ici Tout Commence. Personnage au tempérament bien trempé mais néanmoins attachant, il est interprété par un jeune comédien Belge de talent Maxym Anciaux. Il est dans le métier artistique depuis son plus jeune âge, son père Raphaël Anciaux étant comédien de doublage il était naturel pour Maxym de commencer dans cette voie. C’est ensuite qu’il se dirige vers le métier de comédien, c’est avec grande gentillesse qu’il a accepté cette interview et c’est avec un grand plaisir que nous vous la partageons.

TPCV: Qu’est ce qui t’a donné l’envie de devenir comédien ? 
 
Maxym: Merci pour l’intérêt que vous portez à mon travail.

Pour être tout à fait franc, rien. Mon parcours scolaire m’a semblé très long, je suis parvenu cahin-caha à obtenir mon diplôme d’études secondaires dans une école compliquée. J’étais, à 18 ans, fatigué, et usé des études (déjà). Le doublage faisait partie de mon quotidien depuis une dizaine d’années, je gagnais ma vie grâce aux studios, j’ai donc voulu m’orienter vers une école d’art dramatique pour avoir la légitimité de pratiquer ce métier sur le long terme, certes, mais aussi et surtout par dépit "parce qu’il fallait bien faire quelque chose". Je croyais que le doublage me permettrait surement de faire ma route tranquillement dans un chemin favorisé par le sillage de mon père. Je n’ai jamais vraiment cru ni espéré pouvoir dépasser ce cadre-là.
 
Je pense que dans l’intermittence du spectacle, tu peux te former énormément, vouloir à tout prix, être habité d’une passion irrationnelle, choisir ce métier, mais si lui ne te choisit pas ou cesse de te choisir, tu changes de cap assez rapidement. J’essaye plus que jamais de rester humble face au privilège que j’ai de pouvoir vivre de ce métier, je ne me sens absolument pas "élu" de quoique ce soit, mais le facteur chance m’apparait comme absolument capital dans le parcours d’un acteur. Aucun chemin n’y mène assurément,  et toutes les routes peuvent y conduire. En tout cas je ne me cramponnerai pas contre vents et marées à ce mât le jour où la Vie me fera comprendre qu’il sera temps de se poser les bonnes questions.

TPCV: Tu as commencé par le doublage si je ne me trompe pas, tu continues à en faire ? 
 
Maxym: Le doublage a été la première pierre angulaire de ma découverte de l’acteur. J’avais 6 ans, mon père avait un studio à la maison ; je me souviens de lui me portant au micro pour dire "Gillette, la perfection au masculin".
 
Je continue à en faire le plus possible, même si ça me demande beaucoup d’aller-retours entre Paris et Nîmes et j’ai parfois un peu le sentiment d’habiter dans la SNCF ; mais c’est une discipline qui est trop importante à mes yeux pour la laisser de côté. J’ai un immense respect pour tout ce que cette pratique m’apporte techniquement. Il n’y a pas un jour où je ne me sers pas des outils que j’ai eu la chance d’affûter pendant 20 ans en studio.

TPCV: Comment s’est passé ton casting pour ITC ?
 
Maxym: Je serai un peu long mais l’histoire en vaut la peine. Je jouais au théâtre à Bruxelles en Mai 2024, et mon agent m’envoie un matin une demande de selftape (casting à distance où on se filme soi-même) pour le personnage de Milan. Les jours passent, pas de réponse. Donc c’est non. Puis une ou deux semaines plus tard, je reçois une nouvelle demande de selftape pour le personnage de Gaspard ; je pense ne l’avoir jamais dit, mais j’ai sincèrement hésité à faire cette deuxième vidéo. Par fatigue, manque de conviction et d’espoir, et aussi parce que je n’avais aucun ami à disposition pour me donner la réplique. Je me retrouve finalement avec un ami d’un ami sur fond de mur blanc d’une cuisine à faire cette vidéo en 5-10 minutes. S’en suit un callback à Paris qui se passe correctement, et quelques jours plus tard (on était le 3 ou 4 juin, le premier jour de tournage était le 17) mon agent m’annonce que la production hésite encore entre 4 comédiens ; ils proposent donc de re-faire un call back…A Nîmes sur le lieu de tournage de la série, en condition réelle, habillé, maquillé, coiffé… Le lendemain. Il y a toujours deux équipes de tournage qui co-habitent dans le château, et pour la première fois de la série, le tournage d’une des équipes a été mis en pause pour faire un casting en conditions réelles. J’ai changé de vie le temps d’une journée avec toute l’excitation des nouvelles découvertes qui me tendaient les bras, et la peur de frôler une opportunité unique et de n’avoir comme souvenir que la frustration et la tristesse d’une aventure manquée.
 
Je partais en vacances à Lisbonne avec un ami le lendemain, une réponse était attendue 2 jours plus tard. J’attendais fébrilement la moindre sonnerie, le ventre noué. Ce n’est que 4 jours (quatre jours) plus tard qu’on m’annoncera la bonne nouvelle. Je me souviendrai toute ma vie avec émotion de l’appel à mes parents. J’aurai tellement voulu qu’ils soient avec moi pour que nos regards se rendent compte de nos bonheurs mutuels. Je pense aussi à mes grands-parents qui sont sûrement fiers de leur gamin. J’aurais aussi voulu les appeler.

TPCV: As-tu des points communs avec Gaspard ?
 
Maxym: On a le même corps et la même tête (humour).
J’ai du mal à parler de "Gaspard" comme d’une entité indépendante de moi-même ; plutôt : je n’arrive pas à parler d’un personnage autrement que par le prisme de qui je suis. Je pense que ça touche à l’expérience, au degré de composition d’un rôle et à l’humilité, mais je navigue encore avec beaucoup de prudence à travers la schizophrénie du comédien.
Quelle incarnation est la plus profonde, celle qui s’émancipe totalement de l’identité de l’homme qui la compose, ou le dépouillement total de l’acteur qui parvient à n’être personne d’autre que lui-même ? Je n’ai pas la réponse.
 
TPCV: Si tu pouvais jouer sous la supervision de n’importe quel directeur ou directrice, qui choisirais-tu ?
 
Maxym: Mon père. C’est avec lui que j’ai la complicité artistique la plus profonde.  Après 20 ans de travail commun, je pense que personne ne me connaitra mieux que lui. Je m’ose presque à écrire qu’il connait mieux mon acteur que moi-même. Nous parlons une langue commune, et je revendique et arbore avec conviction l’éducation artistique qu’il m’a transmise, héritée de professeurs comme Christian Lombard ou Pierre Laroche.

TPCV: Y a t’il un film, livre, ou une pièce de théâtre qui t’inspire ? 
 
Maxym: Beaucoup plus que je n’en ai conscience. Je ne crois plus tellement à l’unicité créative d’un artiste en 2024. Tout a été fait. Nous ne représentons que la somme de ce qui nous inspire, et on tente plus ou moins adroitement de se l’approprier avec personnalité. Cela étant, j’ai la conscience que je m’inspire de certains gestes, certaines expressions tirées d’œuvres qui m’ont marqué, mais je suis convaincu que la majeure partie de qui je suis prend racine dans tellement de références dont je n’ai pas/plus souvenir.
 
Les créateurs m’intéressent plus que leurs créations ; Je trouve ça très intime en fait de partager ce qui nous émeut et nous bouscule.

TPCV: Avec quel acteur/ actrice rêverais tu de jouer un jour ?
 
Maxym: Yves Hunstad. Mais bon, c’est un peu comme faire une prière à côté du pape. Je ne suis pas convaincu que ça me fasse vraiment du bien. C’est en partie pour ça que je me méfie de mes rêves. Si je les réalise ils disparaissent, s’ils m’échappent je leur en voudrai.

TPCV: As tu d’autres passions ?
 
Maxym: La question sous-tend l’idée que mon métier me passionne. Pour faire suite à la première question, j’ai bien conscience du privilège fabuleux de pouvoir l’exercer, je l’aime aussi profondément qu’il m’intéresse, mais je ne dirais pas qu’il me passionne.
Je me méfie des passions, qu’elles soient amoureuses, récréatives ou professionnelles ; j’aime aborder les choses avec curiosité et assiduité, mais à distance d’un excès qui -je le sais- me nuira. Je suis quelqu’un de beaucoup plus influençable que je ne laisse le croire, donc pour éviter de tomber dans le dévouement frénétique de quoi ou quique ce soit, j’essaye de toujours composer avec modération. Sans tout le temps y parvenir.
 
Sinon, je me découvre depuis quelques mois un intérêt particulier pour les plantes.

TPCV: Quel serait le projet que tu souhaiterais de tout cœur réaliser ?
 
Maxym: Je manquerai d’originalité : continuer à rendre mes parents fiers ; C’est pour eux que je fais tout ça. Exercer l’art de soi au service des autres à travers les différents prismes de ce métier. Aussi, j’aimerais beaucoup repenser la conception technique de la mobilité des trams bruxellois afin que les roues des vélos ne se coincent plus dans leur circuit.

TPCV: As tu des projets futurs dont tu pourrais parler ?
 
Maxym: Malheureusement, rien qui ne puisse encore être dévoilé publiquement. Je suis assez superstitieux et discret concernant mon actualité. Je préfère que mon entourage découvre tardivement ce qui m’arrive pour ne pas prendre le risque d’annoncer précocement quelque chose qui ne se fera pas in fine.
 
Je vous souhaite une belle continuation, et de belles découvertes artistiques.

TPCV: Merci beaucoup :) on te souhaite également tout le meilleur !